Vernissage samedi 29 novembre
15h30 - 20h30

« La victime a été tuée, elle ne peut être ressuscitée, il n’y a plus rien à faire. Reste à voir si notre intérêt peut s’éveiller, et par exemple si l’on peut en tirer un récit. Ce fut sans nul doute un triste événement, un très triste événement ; mais quant à nous, nous n’y pouvons rien. Dès lors, tirons le meilleur parti possible d’une mauvaise affaire ; et, comme il est impossible, fût-ce en la battant sur l’enclume, d’en rien tirer qui puisse servir une fin morale, traitons–la esthétiquement et voyons si de la sorte elle deviendra profitable. »

Thomas de Quincey, De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts, 1854 in Jean-Michel Rabaté, La modernité comme scène du crime, 2010

 

Je suis restée longtemps avec cette idée de vouloir faire un corps allongé féminin en sculpture. Jusqu’à ce que je rencontre une vidéo amateur sur internet, d’une manifestante mise au sol et durement malmenée par des soldats, le 17 Décembre 2011, lors d’un rassemblement populaire cherchant à imposer la démocratie, sur la place Tahrir au Caire.

L’image de cette « Fille au soutien gorge bleu » a fait le tour du monde, elle est devenue symbolique du mouvement insurrectionnel du peuple égyptien mais aussi du comportement agressif et du harcèlement sexuel masculin envers la femme lors de ces évènements (une soixantaine d’agressions en 4 jours).

Le lien, entre ma préoccupation artistique et ce mauvais traitement, m’a en quelque sorte sauté aux yeux.

Mettre en rapport la beauté, la sensualité, la fragilité d’un corps de femme, un thème classique dans l’histoire de l’art, et la violence que les sociétés peuvent exercer à tous les niveaux ouvertement ou non sur l’être humain, m’a paru coïncider avec mon souhait de construire un corps allongé, d’y trouver des résolutions formelles et d’en jouer, mais aussi tenter de l’adapter à notre monde d’aujourd’hui.

Françoise Vergier, Novembre 2014

 

Françoise VERGIER – née en 1952, vit et travaille à Paris et Grignan

Dès le début des années 1980, les sculptures de Françoise Vergier sont habitées par la figure de la femme : elle privilégie d’abord le bois peint, puis se consacre à la céramique. Pour cette nouvelle exposition, les pièces majeures sont en plâtre, matériau avec lequel elle travaille désormais, sans négliger pour autant la céramique et le dessin. Françoise Vergier nous invite à nouveau à partager ses expériences personnelles, ses préoccupations artistiques mais aussi ses émotions liées à l’actualité de notre société.

En 1995, le Centre Pompidou lui consacre une exposition personnelle ...oui j’ai dit oui, je veux bien Oui. En 2004, Françoise Vergier présente ses œuvres lors d’une exposition personnelle au Carré d’art de Nîmes, ensuite, en 2012, à la Galerie Municipale, Vitry-sur-Seine. Elle participe à de nombreuses expositions collectives et notamment à la Maison Rouge, Le Mur collection Antoine de Galbert (2014), au Centre Pompidou, Donation Daniel et Florence Guerlain (2013), à la Villa Datris, Fondation pour la sculpture contemporain (2013), au Musée des Beaux-Arts de Lyon (2011) et dans la Collection Guerlain présentée à l’Ambassade de France à New-York (2008).

De nouvelles œuvres ont récemment intégrées les collections publiques (Musée d’art Moderne de la Ville de Paris, LaM Lille, Frac Picardie, FNAC).